Le sport et l'art
Superfan ou autre
Jets de pierre, coups de bâton, rythme… l'animal que nous étions a évolué pour devenir seul sur cette planète qui organise consciemment le jeu. Aujourd'hui, le jeu organisé est la pierre angulaire des champs vastes et souvent polarisés de l'art et du sport. Notre capacité de jouer présente des bénéfices qui se mesurent non seulement par sa contribution à la culture mais bien par sa valeur dans l'arène économique. Un pourcentage grandissant de l'économie repose sur des activités qui était purementludiques ; ainsi plusieurs se demandent comment transformer leur travail en jeu, tandis que d'autres se demandent comment leur activité ludique est devenu tant de travail.
La portée du sport
Actuellement, l'assistance annuelle totale des 20 plus grandes ligues amateurs ou collégiales dans le monde s'élève à plus de 90 millions de personnes. Lorsqu'on y ajoute les ligues professionnelles, du hockey au cricket, le chiffre s'élève à presque 500 millions. Cela ne compte pas les compétitions internationales comme les Olympiques, la coupe du monde FIFA et autres championnats mondiaux. Et encore, manquent au calcul tous ceux qui se syntonisent assidûment aux émissions de radio, de télévision et, de plus en plus, d'Internet ; nombre d'entre eux voit leur risque de défaillance cardiaque aggravé par leur passion des performances. Ces exemples commencent à peine à décrire la place prépondérante des sports dans notre village global.
La métaphore sportive devient très populaire, invoquée autant par les psychologues, que par les chefs d'antenne et les théoriciens de l'organisation ; elle devient une soi-disant métaphore universelle investit d'une grande signification. Toutefois, l'influence des sports s'étend bien plus loin qu'un code de conduite métaphorique. Dans son livre The Economy of Prestige, James English consacre tout un chapitre à la prolifération des prix dans le milieu des arts, qu'il décrit comme forme de sport international ; la production culturelle reproduit les structures compétitives des sports dans le domaine subjectif de l'art. La réaction populaire à cette analyse : décrier le développement de façon cynique, pleurer la commercialisation rampante de l'art et craindre pour l'avenir, tout en ignorant le lien étroit entre les deux pratiques. Lorsqu'ils sont exécutés à leur meilleur, l'art et le sport produisent des moments transcendantaux pour l'artiste-athlète et parfois pour le public.
Art et signification
Souvent, nous attribuons à l'artiste des changements importants dans notre auto compréhension. Vu la capacité de l'artiste visuel à altérer notre perception du monde, l'art visuel occupe un lieu de plus en plus privilégié au sein de nos communautés. Cela comprend les œuvres classiques d'art moderne en sculpture, en peinture et en dessin qui ont changé notre perception de l'espace et des objets, et encore, les œuvres contemporaines qui ne cessent de se complexifier. Les énormes et méticuleuses installations hyper réelles de Christoph Büchel mettent en relief la nature construite du monde qui nous entoure. Matthew Ritchie met au défi la physique classique de l'énergie et de la matière, et façonne des expressions physiques du principe holographique de l'univers d'une complexité invraisemblable. Non seulement l'artiste trouve de nouvelles voies pour exprimer l'expérience consciente du monde, il transforme la conscience en profondeur et mène comme un courtier sur la signification et la substance de la vie.
Étant donné les contributions de l'artiste contemporain à notre compréhension de nous-mêmes, notre aversion au monde des sports est prononcée. S'il y a un lien évident entre la danse, le talent athlétique et l'expression physique du corps, s'il existe un fonds imposant d'œuvres en cinéma et en littérature sur les sports, le manque d'intérêt du monde ludique de l'art contemporain envers le mode envahissant du jeu est décevant.
Superfans !
La masse critique de l'intérêt sportif dans le monde commence à s'infiltrer dans le monde de l'art contemporain. L'acquisition récente du Musée des beaux-arts du Canada de l'installation Zidane, un portrait du 21e siècle de Douglas Gordon et de Philippe Parreno reflète une ouverture et rend accessible la réflexion artistique sur le personnage de l'athlète, sa relation à l'équipe et la nature du jeu organisé
Disséminer ces conversations culturelles dans un lieu ouvert au grand public, voilà l'objectif des installations proposées par Superfan. En exposant les œuvres d'art dans des lieux de réunion des adeptes du sport, nous vous encourageons de songer à la relation entre les œuvres et les événements que vous regardez peut-être. Libre à vous de devenir adapte de l'art contemporain. Néanmoins, nous espérons que ces considérations uniques sur la performance athlétique, sur l'obsession du fan et sur le sentiment doux amer d'arriver en deuxième enrichissent votre expérience sportive, superfan ou autre.
- Deryk Stec, candidat au doctorat et Ryan Stec,
commisaire de l'exposition
Deryk Stec est candidat au doctorat en gestion aux HEC à Montréal. Sa recherche porte sur l'intersection des concepts de gestion et du sport organisé. Dans le cadre de sa thèse, il suit un entraîneur d'une équipe athlétique et appose les opérations d'une organisation sportive avec les métaphores populaires du sport en théorie de gestion.