![]() |
Du 6 septembre au 13 octobre 2025, le Centre d’artistes Voix Visuelle accueillera en ses murs l’exposition Points flottants de l’artiste Kévin Dubeau.
Vernissage : le jeudi, 11 septembre 2025, à 17 h.
279 chemin de Montréal, Ottawa
***
En calcul numérique, un point flottant permet de représenter un nombre avec souplesse, au prix d’une incertitude. C’est une valeur en mouvement, jamais tout à fait exacte, toujours partielle. Ce glissement, cette marge d’erreur, m’intéresse — pas seulement pour ce qu’elle dit du calcul, mais pour ce qu’elle révèle de notre rapport au réel. Elle rappelle que toute forme, toute pensée, toute mémoire est une approximation.
Au cœur de cette exposition, il y a des fragments de voitures ramassés lors de déambulations, des pièces mécaniques arrachées à leur fonction première et altérées par le temps. Ces objets portent la mémoire de trajets oubliés et l’empreinte de leur exposition aux intempéries. Leur surface raconte déjà une histoire, faite d’usure, de rouille et de chocs, avant même toute intervention artistique.
Ces vestiges se confrontent à des formes issues de la modélisation numérique, des volumes imprimés en 3D et des images rendues sur aluminium. L’usure réelle contamine la précision calculée, comme si le temps s’était infiltré dans le logiciel. On entre dans un univers où la voiture se fragmente et se recompose, devenant interface entre l’humain et le territoire qu’il traverse.
Points flottants désigne cet état instable : celui où l’image ne correspond plus exactement à l’objet, où la mémoire de la machine contamine la matière, où la vérité d’une forme se mesure en approximation. Dans cet espace flottant, les structures se brouillent et nos perceptions, tout comme nos émotions, participent à ce glissement, laissant persister non pas une certitude, mais une oscillation.
Kevin Dubeau est un artiste visuel basé à Montréal dont la pratique multidisciplinaire explore la matérialité des images et des objets à travers une esthétique de la simulation. Ses œuvres interrogent les relations entre technologies numériques, perception et transformation du monde matériel.
Issu du milieu de la postproduction cinématographique, il collabore aujourd’hui avec des artistes établis sur des projets d’art public. Titulaire d’une maîtrise en Intermedia?Cyberarts de l’Université Concordia (2023), il a présenté ses œuvres au Québec, en Allemagne, en Argentine, à Hong Kong et à Séoul. Il a également participé récemment au festival Elektra 2025 au Centre PHI, à Montréal.